Intro : Le tripalium, c’était un instrument de torture utilisé par les Romains pour punir les esclaves rebelles et c’est aujourd’hui devenu la racine du mot « travail ». Mais pourquoi, 2 000 ans après, cette description semble toujours correspondre à ce que vivent certains salariés ?
Je m’appelle Christian Esse et je suis manager commercial. Dans ce podcast, j’invite des personnes inspirantes qui ont vécu une belle aventure comme salariés. Elles partagent leurs parcours et ce qu’elles en ont appris, pour vous permettre de trouver et de construire la vie professionnelle à laquelle vous aspirez.
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Bonne écoute !
— Aujourd’hui, j’ai le plaisir de recevoir Clémence. Clémence est content manager. Elle est en CDI. C’est une salariée exactement comme tous les autres, à une seule petite exception : elle est atteinte d’un trouble du spectre autistique. Dans l’épisode trois et deux, on a eu l’occasion de discuter avec Amira qui a été référente handicap et qui était elle-même atteinte d’un handicap. Sauf qu’aujourd’hui, on va pouvoir explorer une autre facette de ce handicap. On va pouvoir voir ensemble comment adapter le travail à une personne qui présente des troubles du spectre autistique, comment faire en sorte qu’elle se sente bien, comment faire en sorte qu’elle puisse performer dans son job et au final vivre la même vie que tout le monde et s’épanouir au même titre que tout le monde ? Dans ce podcast, on accueille des salariés qui viennent de tous horizons professionnels, de tous niveaux hiérarchiques et le but est que chacun puisse trouver son épanouissement. Et aujourd’hui, avec Clémence, on est vraiment en plein dedans. Bonjour Clémence.
— Bonjour.
— Merci de participer à cet épisode. Ça va être vraiment plaisant d’aborder des thèmes un peu différents de ceux dont on a l’habitude. Alors, la première chose que je vais te demander, c’est de te présenter en une phrase. T’es prête ?
— Comme tu l’as dit, je suis content manager, donc mon métier consiste à structurer la stratégie de contenu d’une entreprise. Alors, les contenus, qu’est-ce que c’est ? C’est vraiment tout ce qui est… c’est très vaste. C’est tout ce qu’une entreprise publie en son nom sur le web. Donc ça peut être des pages web, des articles, des communiqués de presse, des posts sur les réseaux sociaux, des vidéos. C’est très, très vaste et du coup, il faut quelqu’un pour animer tout ça, faire en sorte que la stratégie soit cohérente avec les objectifs de l’entreprise, aussi s’occuper des prestataires qui réalisent ces différents contenus parce que c’est quand même compliqué de tout faire tout seul quand il y a un certain volume ! Donc, voilà, ça, c’est un peu mon métier et effectivement, je suis un salarié en situation de handicap, donc je dispose d’une RQTH, une reconnaissance en qualité de travailleur handicapé, pour plusieurs handicaps dont le TSA, le trouble du spectre de l’autisme dont je suis atteinte.
— OK, justement, comme tu abordes directement ce point-là, après avoir complètement torpillé ma première question parce que tu as répondu en quinze phrases à la place d’une ! (Rires)
— Ha ! Pardon ! (Rires)
— Est-ce que tu peux expliquer pour toutes les personnes qui ont une connaissance relativement floue, exactement, de ce que peut être un TSA ? Est-ce que tu peux expliquer ce que c’est ?
— Oui, alors, c’est pas forcément très, très simple parce que quand on aborde ces questions-là, on a des acronymes ultra médicaux et en même temps, ça reflète pas toujours… enfin, c’est difficile, derrière ces acronymes médicaux, de comprendre la réalité de façon simple, comment, en gros, peuvent vivre les personnes avec ce handicap-là. Alors le TSA c’est un TND, un trouble du neurodéveloppement. Et déjà, avec cet acronyme, on peut un peu saisir, on va dire, l’essence du handicap ou enfin… je ne sais pas si je m’exprime hyper bien, je ne suis pas non plus la personne… je suis pas, voilà, la personne qui… porte-parole de l’autisme. Donc, je vais essayer de pas… de dire ça de manière à la fois simple et en même temps, voilà, mon discours sera peut-être pas le plus précis du monde. Donc, un trouble du neurodéveloppement, ça veut dire que le cerveau de la personne, il se construit pas de la même manière que celui des personnes dans la norme et il fonctionne, du coup, différemment. Les personnes, elles réagissent différemment, elles perçoivent leur environnement différemment. Alors, pour l’autisme, il y a quand même pas mal de particularités qui sont, on va dire, globales. Toutes les personnes qui ont un… qui sont autistes ou qui ont, qui font partie… qui sont sur le spectre de l’autisme, ont en commun… mais en même temps, elles l’expriment de manière différente, plus ou moins subtile ou avec différentes variations. Ce qui fait qu’effectivement, l’autisme, c’est un spectre et il y a plusieurs… chaque personne est autiste à sa manière et on a des représentations, que ce soit dans la culture ou dans les livres, enfin, partout autour de nous, des représentations de l’autisme qui, on pourrait se dire, sont pas du tout cohérentes entre des personnes avec un autisme qu’on qualifie de sévère, qui ne parlent pas et qui sont difficilement autonomes à des autistes qu’on appelait auparavant Asperger, qu’on présente souvent comme des génies incroyables, un peu décalés socialement. Voilà, il y a vraiment, culturellement, il y a des archétypes comme ça et du coup, on n’arrive pas… Je pense que le grand public est un peu perdu entre tout ça pour comprendre l’autisme. Alors, pour vraiment dresser à gros traits, à grosses mailles un peu de ce qu’est l’autisme, il y a plusieurs caractéristiques ou particularités. Il y a des difficultés au niveau de la communication et du langage, des difficultés sociales. On dit parfois que l’autisme est un handicap social parce que les personnes, elles ont du mal à comprendre les codes sociaux, l’implicite. Quand elles parlent avec quelqu’un, il y a tout un contexte, en fait, autour de ces prises de parole qu’on analyse de façon… enfin, que la plupart des gens analysent de façon, on va dire, quasi…
— Instinctive ?
— Voilà, c’est ça, de façon instinctive. Tout un contexte que les personnes neurotypiques perçoivent de façon instinctive, alors que les personnes autistes, elles, c’est vraiment le fruit d’un apprentissage où elles doivent se creuser la tête et se dire : « Oh là, là, je pense que dans ce contexte-là, on attend de moi, on m’a posé telle question, donc qu’est-ce que ça veut dire ? Comment je réponds et comment j’adapte ma réponse, mon ton, mon niveau de langage à cette question ». Et ça, c’est très dur à ajuster, ça nécessite un apprentissage qui fait que souvent, on est en décalage parce qu’on répond pas exactement selon les codes sociaux ou ce qu’il faudrait répondre à tel contexte. C’est un peu subtil et donc on est perdu et voilà. Donc les gens sentent effectivement qu’on est un peu à côté au niveau social et ça crée des difficultés d’intégration. Et voilà. Ça, c’est l’une des difficultés. Et puis, il y a aussi d’autres particularités au niveau du comportement, avec des comportements répétitifs, que ce soit au niveau moteur, ce qu’on appelle des stéréotypies. Ça peut être le fait de de se balancer d’avant en arrière pour se repérer un peu dans l’espace, de se frotter les mains, d’agiter les poignets. Ça, c’est des gestes qu’on voit un peu souvent dans les stéréotypes de l’autisme. Donc ça, ça existe. Il y a aussi le fait d’être très attaché à la routine, d’avoir besoin d’être dans un environnement sécurisé, assez répétitif. Du coup, il y a une rigidité mentale qui fait que ça peut être difficile de s’adapter au changement, plus difficile que la norme, on va dire. Voilà, ça, c’est vraiment ce que je pourrais dire pour dresser le portrait global.
— Ok. La difficulté à percevoir les différents codes sociaux, les choses de manière implicite, ce qui n’est pas dit de manière claire, concise et premier degré. Il y a des difficultés de concentration ?